Dans les sociétés occidentales, les États constitués sous forme de monarchie constitutionnelle ou de république ont tous successivement impulsé la transition de leur outil de production. Les manufactures royales gérées par des artisans passèrent aux mains des capitalistes (Grande-Bretagne 1790, France 1830, Allemagne 1850, Russie 1880, Japon 1890, Italie 1890, etc.). Ces manufactures royales évoluèrent vers des manufactures d’État, et des fabriques furent créées stimulées par l’État. Des règles pour augmenter la production comme le salaire sur une base horaire, le temps de travail, les punitions pour un manque de rendement, etc. furent élaborées. Les ouvriers étaient contraints de travailler 10, 12, 15 heures par jour pour gagner à peine de quoi manger.
8 heures de travail par jour : une revendication révolutionnaire
Limiter la journée de travail, c’était permettre à tous ceux qui le désiraient de s’instruire, de comprendre leur vie, d’échapper à la vie de machine qu’on voulait leur imposer, pour devenir des acteurs sociaux à part entière, aptes à faire évoluer leur avenir dans le sens qui leur semblait bon. Cette revendication n’était donc pas une fin en soi, mais une condition nécessaire pour les aspirations révolutionnaires.
La lutte de classe commence à Chicago
C’est dans ce sens que manifestèrent les travailleurs étatsuniens, le 1er mai 1886, avec comme revendication les huit heures de travail journalier.
A Chicago, la mobilisation fut très importante. Des « locks out » ripostèrent face aux manifestations. Le 4 mai, à la fin d’un meeting appelé par des anarchistes et réunissant 15 000 personnes, la police tira sur la foule ; une bombe, lancée selon la police par un prétendu anarchiste, avait éclaté dans les rangs des forces de l’« ordre », déplaçant ainsi le débat d’un plan collectif vers une affaire personnelle. De nombreuses arrestations eurent lieu, et parmi celles-ci 8 anarchistes, qui n’étaient pas sur les lieux lors de l’explosion, furent condamnés à la pendaison ; la veille de l’exécution, Lingg se suicida pour sauver la vie de ses compagnons, ce qui n’empêcha pas l’exécution de 4 d’entre eux : Parsons, Spies, Engel, et Fischer. Schwab et Fielden avaient vu leur peine commuée au bagne à perpétuité, et Neebe à 15 ans de prison. Leur seule culpabilité fut de s’être battus pour la vérité et la liberté. En 1893, tous les passe-droits et infamies du procès furent dénoncés et il fut démontré que le verdict avait été rendu par ordre. En conséquence, les 3 condamnés furent relaxés et les 5 suppliciés furent réhabilités publiquement.
Le 1er-Mai s’internationalise et marche, par la grève, vers l’universa- lisation de la journée de 8 heures
Deux ans après cette exécution, en 1889, deux congrès internationaux se réunirent à Paris et le 1er-Mai devint une journée internationale de grève dont le but principal fut d’obtenir la journée de huit heures.
La « fête du travail » commençait… Par 3 trois fois les forces de l’ordre ouvrent le bal :
- le 1er mai 1891 à Fourmies (dans le Nord de la France) le 145e régiment tirait sur les grévistes tuant 9 personnes et faisant au moins 35 blessés ;
- le 1er mai 1920 en Guadeloupe à Basse–Terre et à Pointe-à-Pitre, les
« forces de l’ordre » tuent 2 civils et font 30 blessés, une cinquantaine de personnes sont interpellées ;
- le 1er mai 1930 en France à Paris, Lille et Marseille, on compte 33 morts parmi les civils ; en Allemagne, 33 civils meurent des violences policières, il y a environ 200 blessés et plus d’un millier de personnes placées en garde à vue.
Détournement de la journée de grève en « fête du travail » : un contrôle du mouvement ouvrier
Ce n’est qu’en 1941 que le 1er-Mai cessera d’être un jour de lutte de classe pour devenir journée de célébration, comme « Fêtedutravailetdelaconcorde sociale» instituée par le gouvernement de Pétain. Promouvant ainsi une image de solidarité et d’unité nationale, il cherchait à détourner le sens originel de la journée, qui était lié à la lutte sociale. La notion de « concorde sociale » était en phase avec la propagande de Vichy, qui prônait l’harmonie entre les classes sociales et le rejet des conflits sociaux.
Vers une revendication universelle pour sceller planétairement l’union des travailleurs salariés
Au regard de la revendication des 8 heures (revendication universelle) qui a réussi à mobiliser dans un même but les travailleurs salariés de nombreux États, nous ne pouvons prôner des luttes syndicales corporatistes, qui ne cherchent qu’à améliorer les conditions des travailleurs dans leur champ uniquement professionnel. Ni même des luttes syndicales nationales basées sur des lois propres à la législation d’un État et qui respectent les hiérarchies instituées selon le mérite (grille de salaires) et le genre.
Aussi nous invitons les travailleurs salariés à former un syndicat pour améliorer leurs conditions de travail dans leur entreprise interprofessionnellement, mais aussi à revendiquer un salaire unique équitable (salaire égal pour tous, avec un plus pour les salariés ayant une ou des personnes à charge). Les syndicats fédérés pourront, par leur union locale, corriger les disparités salariales liées aux structures plus ou moins importantes des entreprises.
Abolissons le salariat, l’État, le capitalisme!
Fédérons-nous planétairement sur une base de communes libres !
UnionlocaleCNT-AITMontpellier