Après 31 ans, et six bonnes heures de résistance, jeudi 19 janvier 2012, le local de la via Conciatori a été vidé et ses occupants expulsés par un déploiement massif de forces de police, qui ont occupé militairement toute la zone, sous le commandement du maire, Renzi, le maire que la droite nous envie, livrant l’immeuble à la spéculation. Avec la perte du local, c’est le siège du Cercle Anarchiste florentin et de l’USI qui a été délogé, de même que d’autres espaces occupés par diverses réalités sociales présentes de longue date dans tout l’immeuble.
Depuis 5 heures 30 du matin, la rue entière a été encerclée et les accès aux rues voisines bloqués dans tout le quartier. Quelques compagnons sont montés sur le toit dans l’intention de résister à l’expulsion, et ont tenu la position jusque dans l’après-midi. La police a forcé le rassemblement conséquent qui s’était formé, atteignant ainsi, lâchement, les portes du local, qui ont alors été, les unes après les autres, défoncées. Le rassemblement s’est ensuite conclu par une manifestation le long des rues du quartier.
Cette expulsion via Conciatori à Florence met un coup d’arrêt à toute une expérimentation autogestionnaire, laquelle aura vu s’épanouir nombre d’initiatives culturelles et un projet politique et syndical unique pour la défense des espaces sociaux et du territoire. La municipalité n’a jamais daigné écouter ni prendre en considération aucune des propositions que nous avons faites pour la récupération de l’immeuble par ses occupants, réunis au sein du « Projet Conciatori » ; par contre, elle a cédé aux sirènes de la spéculation privée, comme elle ambitionnait clairement de le faire, et ce depuis le premier jour de l’installation de Renzi et de son conseil.
Quelle qu’ait été leur stratégie, elle est désormais de notoriété publique. Brader le patrimoine public, depuis l’ATAF (1) jusqu’aux biens immobiliers, sans oser regarder en face ceux qui y mènent des activités sociales depuis des lustres. L’USI, conjointement au Cercle Anarchiste Florentin et à toutes les autres instances associatives ou sociales du Projet Conciatori, condamne l’atteinte gravissime que constitue l’attaque policière d’un local syndical de travailleurs et d’un espace de lutte politique.
Nous dénonçons le haut degré de répression que cette expulsion a pu revêtir. Encore une fois, nous sommes contraints de dénoncer les coups qui nous sont portés en tant que militants de l’USI et en tant qu’ anarchistes, de la part de la spéculation qui s’empare de nos locaux, exactement comme quand, en 1925, le régime fasciste a réquisitionné tous les locaux de l’USI, sièges que l’état démocratique n’a jamais fait mine de restituer. Aujourd’hui ça se produit encore, à Florence, mais par la volonté d’une junte de « ferrailleurs » (2) fantomatiques de centre gauche.
Nous remercions toutes les compagnes et tous les compagnons pour la solidarité qu’ils nous ont témoignée, et pour l’appui concret qu’ils nous apporteront dans les futures actions de riposte à cette expulsion honteuse !
Union Syndicale Italienne (USI), section de Florence
(1) ATAF : ex- régie de transports publics ; la municipalité a cédé ses parts au privé. (NDT)
(2) « ferrailleurs » : c’est ainsi que le maire se définit par rapport à tous ceux, y compris dans son propre camp, qu’elle considère comme « obsolètes », bons à jeter à la casse. (NDT)