Editorial :
_ Nous n’avons pas voté

Avant tout, nous prions nos lecteurs de
bien vouloir excuser l’immense retard que
nous avons pris dans la publication de ce
numéro du Combat Syndicaliste. De fait,
ce numéro sera un numéro spécial, couvrant
le premier semestre 2012. Les empêchements
liés aux contraintes de la vie
quotidienne, au turbin, à l’éloignement,
sont le prix à payer pour notre fonctionnement
sans permanent ni salarié. Mais trêve
d’auto-apitoiement.

L’heure est plus que jamais à la résistance,
à la solidarité dans toutes ses dimensions,
comme l’AIT y a appelé, lors
des journées internationales des 29, 30
et 31 mars dernier.

_ Solidarité entre travailleurs occupant un
emploi et chômeurs ou précaires. Solidarité
entre « nationaux » et immigrés avec
ou sans papiers : le racisme ne se combat
réellement que si l’on comprend
que c’est le capitalisme
qui oppose les humains les uns
aux autres, les jette dans les
flux migratoires pour mieux
les soumettre à sa loi.
_ Solidarité donc, aussi, entre
peuples : ne laissons pas le
peuple grec, par exemple, se
débrouiller seul.
_ Solidarité entre travailleurs
d’une même entreprise multinationale,
lorsque les salariés
d’un site parfaitement viable
sont mis à la rue, pour le plus grand profit
des investisseurs-spéculateurs.
_ Car les élections récentes et prochaines ne
changent rien à cette donne fondamentale.
La classe politique, dans son impuissance
face aux puissances financières, assure
sa fonction de divertissement par le spectacle
de « l’action » politique et médiatique,
« peopolisée », et trompeusement
dramatisée en affrontement entre droite
et gauche.
_ Ce n’est que captation de l’espoir ou de la
peur, une façon de dessaisir chacun de
nous, et tous ensemble, de la force que
nous aurions si nous n’étions pas dupes, si
nous étions émancipés de l’emprise de l’Etat
et des partis. Si nous étions solidaires.

Action solidaire contre l’Etat et la finance
! Résistance et sécession !

_ En effet, les ennemis du genre humain,
n’ayons pas peur des mots, ce sont la finance,
le capital, et l’Etat. Il n’y a pas lieu
de défendre une faction ou un clan étatique
contre une
autre. Il ne faut pas non
plus se laisser tenter par l’action violente
des attentats.
_ Voir ce qui se passe en Italie : le peuple
s’en prend à l’Etat, par des émeutes contre
les agences fiscales. Et comme par hasard,
un attentat est perpétré contre un
patron, signé par une prétendue organisation
anarchiste. Mais cette action sert-elle
la cause qu’elle prétendrait défendre
? A qui profite ce crime ? Mario Monti
s’est empressé de défendre les braves
fonctionnaires du fisc, qui se dévouent,
n’est-ce
pas, pour l’intérêt général. Peut-on
être dupe ?
_ Et si des anarchistes sincères se fourvoient
dans ce type d’action, il faut dénoncer
cette stratégie absolument
erronée. Si les élections sont
illusoires, l’action violente
l’est tout autant. Car à ce petit
jeu, l’Etat est gagnant à tout
coup.

Reste donc la résistance solidaire,
pour défendre les
acquis sociaux essentiels.

_ Mais aussi la sécession, la
construction d’une autre société,
d’une contre-économie,
fondée sur l’échange (comme
cela s’organise en Andalousie
par exemple), l’association, la coopération,
l’entraide, le mutuellisme, toujours
d’actualité. Actions qui se mènent et doivent
se mener hors de l’Etat, sans l’Etat,
comme les Grecs commencent à le reconnaître.
Ou en le bouleversant de fond en
comble comme le font les Islandais, qui
font une révolution dont les médias ne
parlent absolument pas.

Il faut aussi se libérer de l’emprise du
capital dans nos têtes
, et cesser d’être
complices d’investissements crapuleux et
criminels contre les peuples, en retirant
nos petites épargnes des banques (quasiment
toutes !) et des fonds qui spéculent
sur des dettes publiques. Que l’argent
n’ait plus d’emprise sur nous.
_ La liste des actions directes possibles est
longue.
_ L’imagination au pouvoir !