Janvier 2012
Toutes les civilisations ont connu un développement grâce à la solidarité entre leurs membres, mais elles ont toutes périclité du fait de leur passion à détruire les autres peuples, à détruire l’autre.
Notre civilisation occidentale a été marquée par le livre de Darwin De l’origine des espèces d’où est tiré le fameux « struggle for life », la « lutte pour la vie »… bien que nous devions à l’auteur, contre sa propre volonté, d’avoir ébranlé la domination de l’église catholique sur notre société. Il a démontré que le coup d’Adam et d’Ève était impossible, car toutes les espèces ayant existé, ou existant encore, étaient le fruit d’évolutions. Il en tenait une bonne couche (nul n’est parfait), il a cru bon de rajouter que les évolutions permettaient la sélection naturelle, ou, autrement formulé, que c’est toujours le plus fort qui survie. Sa connerie était immense, on sait aujourd’hui que l’être humain est issu soit d’un primate handicapé soit fainéant (ou les deux à la fois). Et il me semble que cet état de fait perdure, certains êtres humains cumulant ces deux états.
En conséquence, on peut, sans se tromper, penser qu’il n’était pas le plus fort de son groupe, de son clan ou de son espèce. Sa survie est le fruit d’une solidarité au sein de son groupe envers lui.
La théorie de Darwin du « struggle for life » aurait pu servir à justifier une organisation capitaliste de la société. Du genre, nous les plus riches, nous la classe dominante sommes les plus forts comme l’a dit notre copain Darwin…
Mais l’être humain est bien plus perspicace que ça, on ne lui fait pas prendre des vessies pour des lanternes, ou des bougies pour des sex-toys. Ainsi, quand les capitalistes mettaient en avant les découvertes de Darwin, les prolétaires créaient, parallèlement, les syndicats de travailleurs, les mutuelles, les sociétés d’entraide mutuelle et les coopératives ouvrières.
Nous savons bien que les prolétaires sont bien plus cons que les capitalistes, au lieu de se bouffer entre eux, ils tentèrent de formaliser des solidarités qui existaient auparavant sous d’autres formes et plus directes. Vraiment, les prolétaires n’ont aucun sens de ce qui est bon pour eux, ils devraient être plus attentifs aux discours de leurs maîtres… Pardonnez-moi, je fais encore un aparté, je n’inscris pas ce processus dans une vision hégélienne et donc dialectique de l’histoire. Cette solidarité est une nécessité de survie, et elle s’est adaptée pour répondre aux nouveaux besoins, à l’industrialisation de la société.
La classe dominante, qui décrie les systèmes de solidarité, s’est maintenue et se maintient par une solidarité de classe en mettant en place des systèmes de réseaux dans lesquels un prolétaire serait comme un chien dans un jeu de quilles. Le livre des Pinçon-Charlot Le ghetto du Gotha le démontre très bien et je vous invite à le lire. Il donne conscience de l’existence d’une véritable solidarité de classe chez les dominants et démontre que nous sommes très loin du « struggle for life » qu’ils prônent pour le prolétariat.
Cette idée que la vie s’est maintenue et s’est développée par la solidarité est ancienne. Kropotkine (1842-1921 penseur anarcho-communiste) publie en 1902 son livre L’Entraide, dans lequel il souligne qu’elle est un facteur de l’évolution en proposant une vision alternative de la survie humaine et animale.
La solidarité est la plus haute expression de l’intelligence humaine, elle existe au moment où l’être humain prend conscience de l’autre. A l’instant où il tend la main à la personne en difficulté pour lui permettre de passer les épreuves de la vie, c’est ainsi qu’il exprime son intelligence. D’ailleurs en psychiatrie, l’incapacité à reconnaître l’autre est considérée comme une maladie.
Nicolas Sarkozy est, en plus d’être président de la République française, un dangereux psychopathe – et non un sociopathe, qui semble être le terme pour les pauvres, je caricature -. Cet homme, président des plus riches – merci les Pinçon-Charlot -, a rappelé durant les voeux présidentiels du 31 décembre 2011 que le système de protection sociale coûtait cher… Il a omis de dire à qui ? Dans l’idéologie capitaliste, l’être humain coûte cher et il appartient à chaque individu de payer pour ses propres besoins.
On peut déplorer le caractère extrêmement technocratique du modèle français de sécurité sociale. Cette « technocratisation » s’est d’ailleurs amplifiée avec l’entrée du patronat dans la gestion de la sécurité sociale en 1967.
Avant cette date, la sécurité sociale était administrée majoritairement par les syndicats de travailleurs. A l’époque, le prolétariat avait bien à l’esprit que les cotisations salariales et patronales étaient prélevées sur la production des travailleurs en diminuant la plus-value dérobée par le patronat.
Au fil du temps, le patronat est parvenu à faire croire qu’il payait les cotisations patronales. Or c’est une manipulation patronale validée par les syndicats représentatifs.
Les cotisations patronales sont payées par la production des travailleurs. Certes, on est loin du communisme libertaire dont le système de solidarité pourrait se définir en partie par ce slogan « à chacun selon ses moyens et à chacun selon ses besoins ». Dans le système actuel de solidarité administrative et technocratique, la solidarité est proportionnelle, on reçoit par rapport à ce que l’on a donné. Je n’en suis pas satisfait, mais dans un système capitaliste c’est un début de conquête que Sarkozy et ses amis ne parviennent pas à digérer.
Il est amusant de noter, que le frangin de Nicolas, Guillaume, est le délégué général de Malakof-médéric spécialisé dans les assurances complémentaires (retraites et autres). Après en avoir été nommé vice-président en 2004, il fut chargé des réformes de la protection sociale. En outre, il fut accessoirement chef de file du MEDEF dans le cadre des négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux lors de la mise en place des réformes des retraites et du système de santé. Tiens, vous ne trouvez pas bizarre que les deux frangins s’attaquent tous les deux au système de protection sociale, que les deux frangins veuillent détruire un système de solidarité mis en place par les travailleurs ?
Et si le système de sécurité sociale à la française est encore éloigné du communisme, il résiste bien mieux aux affres du capitalisme que les systèmes de « solidarité » par capitalisation. L’affaire Enron (1) en est un magnifique exemple.
Bref, le système de protection sociale français est trop technocratique, ce qui nous déresponsabilise. C’est pourquoi, je milite pour une gestion directe par les prolétaires du système de solidarité sociale.
Quoi qu’il en soit, un être humain est un être humain qu’il soit faible ou fort (cette notion est relative !), mais il ne peut être considéré comme un coût ou comme un bénéfice pour une collectivité. C’est une logique absurde n’ayant de sens que dans le système capitaliste alors que la solidarité, elle, est le meilleur moteur du progrès humain.
Aujourd’hui, le capitalisme est devant un mur, il est en train de gaspiller les ressources naturelles à très court terme.
En revanche, un système de répartition des richesses et de production basé sur la solidarité nous permettrait d’accueillir bien plus d’êtres humains sur cette planète et de nous accorder plus de temps à nous-mêmes et aux autres. Mais cela nous permettrait surtout d’en finir avec une gestion à court terme des richesses naturelles, celles-ci n’appartenant en réalité à personne.
La bourgeoisie aimerait faire croire que nous devrions vivre dans un monde du chacun-pour-soi et de la guerre entre tous. Ceci n’a jamais existé et n’existera jamais. Les anarcho-capitalistes et la bourgeoisie promeuvent une organisation sociale basée sur la guerre de tous contre tous, ce qui relève d’une utopie nihiliste ou guerrière. Les enfants ne pourraient jamais dépasser l’âge de trois ans dans une société de ce type. Que le système capitaliste crève !!! Que l’humanité crée un système basé sur la répartition égalitaire des richesses et la liberté…Et je m’en fous du nom de ce futur système.
Enfin dans un autre registre et pour en finir avec l’idée de la sélection et de la compétition entre tous pour la survie de l’espèce, je rappelle la formule d’Henri Laborit : « Si l’évolution s’était réellement effectuée avec la compétition, il y a longtemps que nous aurions été une population de surdoués !»
(1)Anne-Sylvaine Chassany et Jean-Philippe Lacour, Enron, la faillite qui ébranla l’Amérique, Paris, Nicolas Philippe, 09 octobre 2003, 279 p. (ISBN 2-7488-0057-5) »
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