Si nous sommes en grève et dans la rue c’est pour défendre nos droits grignotés peu a peu par les gouvernements qui se succèdent, de droite hier ou de gauche aujourd’hui. Cela ne nous surprend pas car nous n’attendons pas plus de la gauche que de la droite ; à la veille des présidentielles de 2012, nous affirmions par voie d’affiches : « Quel que soit le parti qui gouverne, l’État reste toujours du côté de ceux qui nous exploitent ».

NOUS N’AVONS PAS OUBLIÉ la loi Aubry nommée à tort loi des 35 heures en 1999 (en fait elles a introduit l’annualisation du temps travail avec des horaires hebdomadaires variables à la convenance des employeurs… c’est la mise en place de la flexibilité), ni la politique économique de Mitterrand qui a vu les écarts entre hauts et bas salaires multipliés par 10.
NOUS N’AVONS PAS OUBLIÉ la guerre d’Algérie ni Guy Mollet, Président du conseil qui avait donné, avec les voix des quelques 80 députés communistes, les pouvoirs spéciaux à l’armée en Algérie en mars 56 et permis la pratique de la torture. Pour pouvoir appliquer cette escalade dans la répression, 250 000 hommes supplémentaires sont envoyés en Algérie afin d’assurer le « quadrillage » de la population .
NOUS N’AVONS PAS OUBLIÉ la « bataille pour la production » lancée par le PCF servi par la CGT, de 1944 à mai 1947, pour permettre le développement du capitalisme français face au capitalisme américain. L’anathème fut jeté sur les grévistes : « La grève est l’arme des trusts » ont-ils osé proclamer. Le 21 juillet 1945, Maurice Thorez surenchérit en déclarant à Waziers, dans le bassin houiller, devant des ouvriers impatients de voir leurs conditions s’améliorer : « Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir des Français. Hier, notre arme était le sabotage, l’action armée contre l’ennemi, aujourd’hui, l’arme, c’est la production pour faire échec aux plans de la réaction. »
NOUS N’AVONS PAS OUBLIÉ que les acquis de 36 ne sont pas dus à la bonté du gouvernement de Front Populaire : celui-ci a dû cédé à la pression exercée par les grèves de mai-juin et les occupations d’usines par les travailleurs qui refusaient de reprendre le travail malgré les supplications de Salengro et les exhortations de Maurice Thorez avec la formule désormais célèbre : « Camarades, il faut savoir terminer une grève » . Et si en France la répression contre les grévistes fut assez discrète, elle fut féroce à l’égard des travailleurs de Cochinchine qui s’étaient joints au mouvement de grève de leurs camarades français sur les mêmes revendications qu’eux. Les militants les plus en vue, furent arrêtés, torturés à l’électricité et déportés. (in. Au pays de la  Cloche fêlée  Ngo Van, Éditions l’Insomniaque)

NOUS N’AVONS PAS OUBLIÉ NON PLUS ce que disait Rudolf Rocker (membre actif de La FA U section allemande de l’Association Internationale des Travailleurs) en 1924 : «Tout gouvernement n’est en fin de compte que l’instrument de pouvoir de la classe possédante d’un pays. […] Les expériences des dernières années ont assez clairement montré que l’appareil d’un parti politique, cadre que les travailleurs ont reçu de la bourgeoisie, n’est capable, ni d’améliorer la situation de la classe ouvrière à l’intérieur de la société contemporaine, ni de préparer ni de mener la libération de celle-ci du joug du système d’exploitation capitaliste et de ses institutions. […] C’est le devoir des syndicalistes de donner à la lutte salariale quotidienne du prolétariat une signification sociale plus profonde et d’ouvrir les prolétaires à la pensée que la fin de leurs souffrances ne pourra se produire qu’avec le déclin de l’esclavage salarial et de tout le système capitaliste. Aujourd’hui nous avons une raison supplémentaire de vouloir détruire le capitalisme car il est en train de détruire la planète pour les seuls intérêts économiques d’une minorité dont l’avidité aveugle est inextinguible et dont il ne faut attendre aucune réaction raisonnable car ils sont aliénés par l’argent et le pouvoir qu’il leur donne.