(Bertolt Brecht)
Fascisme : Au sens large, le terme s’est étendu à tout mouvement politique ou organisation qui, pour son seul compte, s’appuie sur un pouvoir imposé par la force. Ce groupe dominant, à la tête d’un État dictatorial, gouverne par la répression en évacuant un à un les contre-pouvoirs. L’exaltation du sentiment nationaliste, la discrimination, la ségrégation et le contrôle de la société civile en sont ses principales caractéristiques. Le culte du chef et de la hiérarchie lui est indissociable et inculqué dès la prime enfance. Son économie centralisée se base sur un capitalisme sans concurrence, ploutocratique, agressif voire impérialiste, immodéré et triomphant. Car le fascisme, c’est ça ! Quand l’État montre son plus monstrueux visage en devenant absolu, contrôlant et dominant par la puissante armée de l’argent.Notre société moderne, régentée par le capitalisme et la science, fait la part belle aux rapports de dominations/soumissions. Depuis les révolutions bourgeoises commencées au XVIe siècle, nous prenons part à une lutte opposant les intérêts des capitalistes (et de leurs sbires) à ceux des prolétaires. C’est à chacune de ces crises économiques et/ou des agitations sociales potentiellement révolutionnaires que la classe dominante peut se laisser tenter par le fascisme afin de sauver ses billes. Autant dire que la situation politique actuelle doit nous préparer au pire.Face au ras-le-bol de la société civile de plus en plus défiante envers des élus peu représentatifs, les institutions républicaines accentuent la pression en montant les travailleurs les uns contre les autres, en opposant d’imaginaires bons citoyens au reste de la population. Diviser – et deviser – pour mieux régner ! Les bourgeois de tous bords défendent l’État-Nation, ainsi qu’un unique modèle économique responsable de crises endémiques et chroniques mettant à mal le lien social le plus élémentaire, où la vie même est mise à mort.
Liberté ? Égalité ? Fraternité ? La vie politique continue d’être régulièrement émaillée par des propos nauséabonds qui encouragent les sentiments de repli défensif et de peur de l’autre, un autre identifié comme étranger, certes, mais surtout et toujours pauvre. De la gauche à la droite extrême, la xénophobie* sert d’alibi. Pour nous rafraîchir la mémoire, nous pouvons évoquer « […] le bruit et l’odeur […] » de Chirac, ou encore citer Rocard et son « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde […] » en passant par Marchais pour qui « […] il faut stopper l’immigration officielle et clandestine ». Le gouvernement actuel et son ministre de l’intérieur Valls ne sont pas en reste avec leur campagne acharnée contre les migrants d’Europe de l’Est, considérés comme ayant « des modes de vie extrêmement différents des nôtres […] évidemment en confrontation », tout en ajoutant qu’ils « ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ». Faut-il encore illustrer cette malsaine surenchère par les violents discours du FN ou de certains responsables de l’UMP ?
Cette situation – où les démocraties parlementaires semblent incapables tant de promouvoir l’égale liberté de leurs administrés que d’en assurer leur dignité – a toujours profité aux fascismes qui, à l’instar de l’entre-deux-guerres, ont su montrer leur opportunisme en profitant du désarroi du peuple désabusé, désorienté et paraissant toujours plus aliéné à la société marchande. Aussi, prenons garde ! Les fascistes peuvent arriver à pas feutrés sous un masque d’innocence affable.
Alors, comment contrecarrer ce dessein funeste ? Pour éviter la manipulation et les coups tordus, nous voulons construire une organisation basée sur un fédéralisme autogestionnaire sans frontières et la démocratie directe. Cette exigence est inaliénable, non-négociable ! Les décisions doivent impérativement se prendre à la base.
La CNT-AIT met en œuvre dès à présent des principes de fonctionnement et d’organisation qui protègent de l’hégémonie, des abus et des privilèges, pour un futur libre et égalitaire, autrement dit, tendant vers le communisme anarchiste.
Des faits historiques nous rappellent, que ces principes ont été bafoués : par exemple, l’Espagne de 1936 a connu une alliance républicaine antifasciste** qui a abouti au choix de la guerre contre la révolution sociale, par l’élimination, entre autres, des anarchistes.
C’est pourquoi, prévenus des expériences passées, nous ne faisons jamais d’alliance avec des organisations politiques autoritaires. Cependant, forts de notre indépendance, nous participerons à toutes luttes que nous jugerons nécessaires à l’avancée de nos idées.
Notre antifascisme est révolutionnaire. Nous plaçons l’État et le capitalisme au cœur même de l’analyse du processus de fascisation. Aussi, nous invitons celles et ceux qui le désirent à nous rejoindre afin d’unir nos forces dans la lutte pour, ensemble, faire vivre l’utopie…
* Le pouvoir utilise plutôt le terme « racisme », ce qui pervertit l’énoncé en focalisant sur les seules différences de langue et de culture et/ou d’apparence physique ; l’emploi du mot « xénophobie » est soigneusement évité, car il mettrait en cause l’idéologie nationaliste qu’implique l’État-Nation.
** Alliance conclue entre partisans de la droite humaniste, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes.