EDITO
Nous ne nous laisserons pas crever !
Aux dernières nouvelles, c’est à dire début février, la petite « intervention » au Mali aurait déjà coûté dans les 70 millions d’euros à la France, et la note continuerait à s’allonger avec un coût journalier d’environ 400000€. Mais notre président normal nous l’assure : cela n’a rien à voir avec le fait qu’Areva se sente menacé au Niger, pays limitrophe. Non, il n’a fait que répondre à l’appel à l’aide que lui a envoyé le président malien par intérim Dioncounda Traoré ; lettre envoyée à la demande du gouvernement français manière d’officialiser les choses et de se dédouaner. Si l’armée française traque les islamistes, ce n’est absolument pas à cause des possibles prises en otages des cadres européens d’Areva au Niger. Non, c’est pour le peuple malien ; mieux, pour les femmes maliennes comme François l’a dit le 8 mars dernier à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. Présenter une guerre comme un combat féministe, il fallait oser…
Outre voler à la rescousse d’un groupe industriel qui exploite les richesses africaines pour faire tourner les centrales nuclaires hexagonales, cette intervention est également prétexte à renforcer ici le plan vigipirate. En ces temps de luttes sociales, et suite aux menaces de Valls aux salariés en colère quant à leur supposée violence, ce passage du niveau « rouge » au niveau « rouge renforcé » censé nous protéger de possibles attaques terroristes sur le territoire français, tombe à pic pour renforcer la surveillance et la répression.
Et pendant qu’Hollande joue le chevalier blanc auprès d’Areva, les otages du système capitaliste, salariés ou chômeurs, sont exécutés à coups de lois liberticides et de plans sociaux menés, par le gouvernement certes, mais aussi, et c’est un peu une nouveauté puisqu’il le fait désormais à visage découvert, par le patronat.
En effet, sous son titre ronflant et mensonger, l’Accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 qui se veut être « un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés » n’est qu’une attaque supplémentaire envers les travailleurs, et peut-être même le coup de grâce. Car s’il s’avère effectivement être au service des entreprises, il ne sécurise aucunement l’emploi et les salariés comme le montrent quelques points de cet accord :
La simplification des procédures de licenciement collectif.
Les « accords de maintien dans l’emploi » faciliteront les baisses ou gel de salaires ainsi que les variations de temps de travail à condition d’obtenir l’accord des syndicats représentant au moins 50% des salariés.
Les salariés qui refuseront la baisse des salaires ou la variation du temps de travail imposés par l’entreprise, si celle-ci se juge elle-même être en « période de conjoncture basse », pourront être licenciés pour motif personnel et non pour motif économique ! C’est-à-dire disparition de l’obligation de recherche de reclassement pour l’entreprise, et pour le salarié disparition du droit de réembauche et du contrat de sécurisation professionnelle (ancienne convention de reclassement personnalisée) !
Une mobilité géographique et professionnelle est rendue obligatoire sous peine de licenciement en cas de refus. L’employeur pourra obliger le salarié à changer de lieu de travail à condition d’obtenir l’accord des syndicats représentant au moins 30 % des personnels.
Le délai pour saisir les prud’hommes passe de cinq à deux ans.
Quant aux fameux droits rechargeables à l’assurance chômage pour les chômeurs ou à la portabilité de leurs droits en matière de prévoyance santé, ils feront l’objet, c’est promis, de futures négociations.
Et puis la complémentaire santé devient obligatoire permettant ainsi aux travailleurs salariés de bénéficier d’un panier de soins plus que restreint, mais constituant surtout une nouvelle manne pour les grands groupes d’assurance privés, façon d’accompagner le démantèlement de la sécurité sociale.
Finalement en signant cet accord quelques organisations syndicales, alors même que certaines d’entre elles ne sont plus « représentatives », ont permis d’officialiser la mise en suspens des droits des salariés ou carrément la mise à bas de droits collectifs dans certains cas.
Plus représentatives en effet, car au regard des nouveaux critères légaux, elles n’auraient pas pu conclure cet accord.
Peu importe ! Ces critères ne s’appliqueront qu’à compter de la publication des résultats agrégés des différentes élections professionnelles (dans les TPE, mais également pour les autres boîtes, les résultats des élections aux comités d’entreprises ou à défaut des délégués du personnel).
Mais le gouvernement freine des quatre fers, du coup le fameux arrêté du haut conseil du dialogue social n’est toujours pas publié…
Peu importe ce nouveau discrédit ! L’accord est bel et bien signé.
Et les parlementaires soumis au dogme du marché travaillent déjà à légaliser les souhaits du patronat.
Pour nous ça sera des conditions de vie et de travail encore plus dégradées.
Les rôles sont distribués, le scénario paraît bien ficelé.
Mais dans la mécanique du dialogue social, tous ne sont pas prêts à finir broyés pour un monde qui n’en finit pas de crever.
S’organiser et lutter pour une société solidaire, égalitaire !
Pour le communisme libertaire !