Le collège Anne Frank a été créé en 2001 à l’initiative d’un groupe d’enseignants et de parents volontaires. Son objectif était de préserver les méthodes pédagogiques qui permettaient d’accueillir des élèves sans problématique particulière avec des enfants présentant des difficultés pour s’intégrer dans le système traditionnel (dyslexie, dyspraxie, phobie,scolaire, hyperactivité…) Hélas, depuis 2011, le collège expérimental Anne Frank connaissait une crise grave qui mettait en péril son existence. En effet, l’introduction d’un règlement intérieur de l’établissement par les services académiques s’opposait sur de nombreux points au projet pédagogique : collégialité de l’équipe pédagogique remplacée par un fonctionnement hiérarchisé, recours aux sanctions et au conseil de discipline plutôt qu’à la régulation verbale des conflits, les parents normalement associés au projet ne l’étaient plus. Le nouveau Proviseur nommé en 2012 continuait la sinistre besogne (la mise à mort du collège) tentée par ses prédécesseurs. L’équipe pédagogique devenait profondément divisée. Les rapports créés entre la nouvelle direction du collège, l’équipe éducative, les élèves et les parents, suspendaient les conditions de mise en œuvre du projet d’établissement du collège Anne Frank. Le déménagement sur le site du collège de Val d’Huisne avait lieu début 2013, et faisait perdre le caractère expérimental au collège Anne Frank pour le fondre dans un fonctionnement de collège ordinaire avec une direction unique. Un collectif de soutien au projet pédagogique était créé. Il entend encore à ce jour, rassembler d’anciens élèves, parents, professeurs, mais ne soyons pas naïfs, nous savons que cette belle expérience ne renaîtra pas de ses cendres.
pour certains d’entre nous, membres du collectif, et un ex-parent d’élève, le bilan à tirer est clair : nous constatons un acharnement accru sur les pédagogies expérimentales et/ou ne correspondant pas à la virgule près aux programmes de pédagogie traditionnelle concoctés par l’Éducation Nationale, elle-même aux ordres du capitalisme et tous les donneurs d’ordres qui ne voient en l’éducation qu’un vivier où l’on prépare les futurs exploités de demain.
Une école pour tous ?

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L’homogénéisation de l’enseignement est destinée à répondre aux besoins de l’économie de marché, du capitalisme et de ses projets conduisant au misérabilisme ou la servitude.

Nous mesurons les résultats néfastes des politiques de l’enseignement menées au service de la bourgeoisie et de la classe dominante, par le nombre croissant d’élèves qui se retrouvent sur le carreau, le recrutement d’enseignants vacataires à la merci des chefs d’établissement. Les RASED qui venaient en aide aux élèves en difficultés et autres travailleurs sociaux ont été sacrifiés sur l’autel du libéralisme économique.
De même que l’on ignore bien souvent que dans les services publics, dans l’Éducation Nationale, mais pas seulement, un départ à la retraite sur deux n’est pas remplacé. Les directeurs d ‘école sont priés par l’académie d’embaucher des employés de vie scolaire (EVS) et auxiliaires de vie scolaire (AVS) en contrat d’accompagnement vers l’emploi. C’est-à-dire ¬ dans la majorité des cas ¬ des personnes non formées, mal payées que l’on met à la place de personnes qualifiés, motivées et correctement payées. Le truc est que l’on supprime un emploi à temps plein et qu’on embauche deux temps partiels, ça fait statistiquement un emploi créé. Alors que dans la réalité cela fait trois malheureux…
Comme l’indique Michel, enseignant à la retraite : « L’institution ne prend pas l’élève comme un acteur de son avenir. N’ayons pas peur de le dire : l’Éducation Nationale n’a pas pour but de permettre à chaque élève de contribuer librement à la vie sociale et solidaire. Elle « éduque » à la compétitivité et à la débrouille individualiste, ces deux piliers de notre folle société de gaspillages, de misère, et d’exploitation sauvage de l’homme par l’homme. Brouillage des esprits, soumission à l’ordre hiérarchique, mépris de la culture, comme appropriation émancipatrice des savoirs et des savoir-faire, voilà le vrai résultat de cette institution. »
Une politique de discrimination et de renforcement des inégalités.
Bien loin de chercher à remédier aux injustices d’un système scolaire de classe, il s’agit pour les gouvernants et les patrons de faire accepter comme légitimes, naturelles et inévitables les inégalités sociales provoquées par ce système économique et confortées, reproduites et aggravées par l’école. Une fois ce principe posé, à moyens toujours moindres et choix budgétaires de plus en plus à la baisse, on voit tout le système trier ceux qui sont jugés comme  » le bon grain » de ceux qui sont présentés comme  » l’ivraie ». Se mettent ainsi en place une politique sécuritaire et une logique d’individualisation des parcours qui entérine une vision des inégalités comme provenant de la responsabilité individuelle ou familiale.
On continue de s’en prendre aux familles les plus en difficultés, stigmatisées comme incapables et indignes. Complétant la loi de 2004 qui sanctionne les parents « défaillants ». Et on désigne les familles les plus pauvres, dont beaucoup sont d’origine immigrée, comme boucs émissaires. Nous assistons à la démolition du principe et de l’objectif d’une école pour tous.
Dominique et Michel – S.I 72 CNT-AIT (Syndicat Interprofessionnel de la Sarthe).