La CNT est une confédération de syndicats dont les principes et le but sont libertaires. Elle lutte tant sur le terrain économique que social (sur nos lieux de vie et de travail), contre une société plus que jamais inégalitaire, qui laisse à la rue plus de 500 000 sans-abris dans laquelle plus de 5 millions de chômeurs, plusieurs millions de travailleurs de plus en plus précarisés, flexibilisés et exploités galèrent pour joindre les deux bouts, alors qu’une minorité de nantis, patrons, spéculateurs, hommes d’État… main dans la main, organisent et profitent de la dégradation de nos conditions de vie pour spéculer et s’enrichir.
Une société dans laquelle les centrales syndicales réformistes, les politiciens et partis politiques (toutes tendances) responsables eux aussi de cette situation ne se battent que pour leur prestige et leur enrichissement personnel. Des politiciens qui s’intéressent à nos problèmes qu’à la veille d’échéances électorales, espérant ainsi, par l’intermédiaire des élections consolider leur situation et leurs privilèges, mais qui une fois élus s’assoient sur leurs promesses. Des syndicats englués dans la collaboration avec les patrons et les gouvernants qui n’hésitent pas à signer des accords qui flexibilisent et précarisent les travailleurs et les chômeurs.
C’est parce que personne ne se battra à notre place, que les militants de la CNT (salariés, chômeurs, étudiants…) s’organisent pour construire un syndicalisme différent, sans élus ni bureaucrates syndicaux, pour faire émerger de leur luttes, une autre société.
Nos principes
− La DÉMOCRATIE DIRECTE : à la CNT, les décisions se prennent à la base, ce sont les syndiqués qui, en assemblée générale, décident des actions et des orientations que prendra le syndicat et personne d’autre. Il n’y a pas de chef ou de permanent syndical ! Sur le terrain, nous pensons également que c’est à nous tous, syndiqués ou non syndiqués, qu’appartiennent nos luttes, et non à des directions politiques ou syndicales qu’elle qu’elles soient. Les décisions doivent être prises en assemblée générales et appliquées par des personnes élues, mandatées et révocables à tous moment par ces mêmes assemblées générales.
− L’ACTION DIRECTE : ce ne sont pas les élus aux organismes paritaires, aux comités d’entreprises, ou les élus politiques qui permettent d’obtenir des amélioration, mais c’est notre mobilisation. Pour cela, seul un rapport de force paie. Aux grèves de 24 heures contrôlées par les directions syndicales et les négociations au sommet, aux tentatives de récupération politique, il faut opposer l’Action Directe, c’est à dire l’action de ceux qui sont en lutte, sans aucun intermédiaire. Et c’est aujourd’hui, à des actions dures, qu’il faut préparer : grèves reconductibles, occupations des lieux de gestion et de décisions, de locaux de partis politiques…
− La SOLIDARITÉ : travailleurs ou chômeurs, du public comme du privé, nous sommes tous les victimes du système dans lequel nous vivons. Tous, nous galérons et nous voyons nos conditions de vie se détériorer. Alors ne nous laissons pas diviser par ceux qui sont les véritables privilégiés : patronat et gouvernants, ce sont eux qui licencient, ce sont eux qui cassent nos acquis sociaux, ce sont eux qui sont les responsables de l’aggravation de nos conditions de vie. C’est donc contre eux et leur système qu’il faut lutter.
Démocratie directe, Action directe et solidarité sont à la base de l’anarchosyndicalisme.
Nos moyens et nos buts
Dans les entreprises, la CNT se bat pour des améliorations immédiates, pour la réduction du temps de travail (sans baisse de salaire), contre la précarité et la flexibilité… Mais, parce que les différentes oppressions ne s’arrêtent pas aux portes de l’entreprise et que l’oppression économique est liée à l’oppression politique, la CNT mène donc un combat global contre cette société. Et cela passe par une lutte quotidienne, sur nos lieux de vie et de travail, contre le racisme, le militarisme, le sexisme, les lois liberticides et anti-ouvrières.
Mais elle garde à l’esprit que pour changer de société ce ne sont pas des réformes qu’il faut faire mais qu’il faut abattre les piliers de cette société : la CNT milite donc pour l’émergence d’une autre société : libertaire, égalitaire et solidaire.
Un projet de société
L’anarcho-syndicalisme, émancipé de la tutelle des partis et organisations politiques, a son propre projet de société dans laquelle chacun(e) prendra en main ses affaires pour produire l’indispensable à la vie, pour que le progrès se fasse au profit de tous et que disparaissent exploiteurs et exploités. De ce point de vue, l’anarcho-syndicalisme « fonde sa conception sociale sur une ample organisation fédéraliste, c’est à dire une organisation de bas en haut, sur l’union de toutes les forces pour les défenses d’idées et d’intérêts communs » (point 4 des statuts de l’AIT).
L’État sera remplacé par une société fédéraliste fonctionnant de bas en haut suivant les principes autogestionnaires. Des délégués avec des mandats précis, révocables, des conseils de coordination et de gestion suffisent à administrer une société moderne, aussi complexe soit-elle.
Le schéma général se composerait d’une double fédération : d’un côté les conseil d’ateliers, d’usines, d’industries locales, régionales, nationales voire internationales qui assureraient la gestion et la coordination de la production dans leur secteur.
De l’autre, les communes pour coordonner l’action des différentes industries à leur niveau afin de disposer de tous les éléments nécessaires à la vie de chaque unité territoriale. C’est ce que l’on appelle le communisme libertaire. Certains diront : Utopie ! Simplisme ! Pourtant l’étude de l’expérience sociale du mouvement ouvrier, des périodes de rupture avec l’ordre établi, montre qu’à certains moments des secteurs entiers d’un pays ont été gérés directement par les ouvriers sur la base des principes qui inspirent l’activité de la CNT.
En Espagne entre 1936 et 1939, la production agricole d’Aragon, dans l’industrie du bois et des transports à Barcelone, en Hongrie durant l’insurrection de 1956…
Les capacités d’autogestion des producteurs sont immenses et cette gestion directe de l’économie et de la société supérieure au fonctionnement du capitalisme qui se caractérise par ces millions de chômeurs, ces famines, son pillage écologique, son super-armement nucléaire.
Malgré les difficultés présentes, malgré les sarcasmes des technocrates de droite comme de gauche : la nécessité d’une transformation syndicale de la société est une question terriblement d’actualité. C’est ce à quoi s’efforce la CNT.
L’Association Internationale des Travailleurs
Le capitalisme n’a que faire des frontières et des nations. Dans tous les pays, les travailleurs sont soumis à la même logique d’exploitation. Aussi, la CNT ne mène pas un combat isolé en France, mais est organisée au niveau mondial au sein de l’Association Internationale des Travailleurs. Aujourd’hui l’AIT a comme objectif de combattre le capitalisme à l’échelle mondiale. Ceci passe dans l’immédiat par un appui mutuel et par une solidarité internationale dans les luttes. Aujourd’hui l’AIT regroupe des sections en : Grande Bretagne (Solidarité Fédération), Allemagne (FAU), Norvège (NSF), Espagne (CNT), Italie (USI), Brésil (COB), Argentine (FORA), Australie (ASF), Etats-Unis (WSA), Russie (KRAS), Chili (Solidaridad Obrera), République Tchèque (ASF) Serbie (ASI). Elle est soutenue par des groupes en Colombie et Canada.